J'ai lu "Le jour où le soleil est tombé - J'avais 14 ans à Hiroshima" de Hashizume Bun
6 août 1945, Hiroshima. Une date, un nom, une image. Et puis ? Généralement rien de plus qu’un savoir scolaire, et une ignorance de ce qu’Hiroshima veut dire. Une ignorance que combat aujourd’hui Hashizume Bun. Alors âgée de quatorze ans, elle se trouvait à mille cinq cent mètres de la bombe.
« Sur ma gauche, les maisons s’effondraient une à une. Sur ma droite aussi, les maisons tombaient comme des dominos… Il y avait, couchés sur le sol, des êtres humains transformés en masses noires, des gens brûlés sur tout le corps aux plaies qui suintaient, d’autres dont on ne pouvait distinguer s’ils étaient de face ou de dos ou encore des gens dont on ne pouvait dire ni l’âge ni le sexe. »
Ce qu’Hiroshima veut dire : Hashizume Bun le fait advenir à la conscience du lecteur, par la force d’une écriture poétique et sèche, dépouillée comme les survivants de cette ère nucléaire qui commençait. « Les herbes poussaient monstrueusement et dépassaient la taille d’un homme en un rien de temps. Tous ceux qui vivaient sur les ruines d’Hiroshima calmaient leur faim en mangeant ces herbes folles. » Des ruines où l’on continuait de mourir.
Aujourd’hui, Hashizume Bun parcourt le monde pour alerter les jeunes générations. Pour dénoncer aussi le crime, car c’en est un, qu’ont commis les Etats-Unis en ce mois d’août 1945. « Les bombardements atomiques ont été des tests effectués sur des êtres humains, in vivo. Pour tester la bombe ; pour étudier les radiations, le souffle, le rayonnement thermique et leur façon de se répandre, leur pouvoir destructeur et bien entendu leurs effets sur l’être humain. »
Xavier Rabilloud, 2009, initialement publié dans la revue "Sortir du nucléaire" n°43 (p.49).
Le jour où le soleil est tombé - J'avais quatorze ans à Hiroshima
Hashizume Bun, trad. Pierre Régnier
Editions du Cénacle de France, 2007
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