J'ai lu "Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin - Petite histoire des résistances de la langue française" d'Éliane Viennot

Mon jugement est sans appel : si vous parlez français, vous devez absolument lire ce petit livre, limpide, éclairant et qui donne de surcroît quelques moyens simples à chacun-e de faire avancer l'égalité hommes-femmes dans un domaine généralement négligé : la langue française elle-même.

Éliane Viennot, professeure de littérature française, fait œuvre – très synthétique et très lisible – d'historienne pour démontrer d'abord que c'est à partir du XVIIe siècle qu'une entreprise délibérée de masculinisation de notre langue a été engagée par des auteurs masculins (pléonasme, puisque Éliane Viennot nous explique que le mot « autrice » était d'usage courant jusqu'à ce que la guerre délibérée contre la relative place acquise par les femmes, jusqu'à la Renaissance, dans les sphères de pouvoir soit menée sur le terrain de la langue). Auteurs qui ont importé dans leurs traités de grammaire leurs visions politiques misogynes et leur conception des femmes comme incapables de (se) gouverner, d'écrire, etc.

L'autrice nous montre les principaux mécanismes, finalement peu nombreux, par lesquels cette masculinisation de la langue s'est faite. Étonnament, la plupart de ces transformations, qui allaient (et vont toujours) à l'encontre de la logique même de la langue, sont des plus simples à déconstruire : il suffit de choisir délibérément d'adopter des usages plus égalitaires, dont le détail tient en quelques pages à la fin du livre.

Françaises, Français, professeur-es, journalistes, écrivain-e-s, communicant-e-s, rédacteurs/trices, … à vous, à nous d'incorporer cette démasculinisation de la langue dans nos pratiques et de donner un coup d'accélérateur à cette tranquille décolonisation de la langue.

Xavier Rabilloud, initialement publié en septembre 2014 dans la revue Silence n°426 (p.43).

Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin - Petite histoire des résistances de la langue française
Éliane Viennot
Éditions IXe, mars 2014
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Cet article a été mis à jour le 3 janvier 2022